Centenaire de la naissance de S. Corinna Bille
Le 29 août 2012, nous célébrerons le centième anniversaire de la naissance de S. Corinna Bille.
Ses archives, transférées du Châbles à Berne en 1981, furent acquises par les ALS en même temps que celles de son mari, Maurice Chappaz.
Ce fonds est exemplaire de par ses dimensions et son exhaustivité : réunissant la totalité des manuscrits de S. Corinna Bille, il comprend en outre 43 albums de documents, 20 précieux «Carnets de rêves», le dossier protéiforme du Vrai Conte de ma vie, une collection iconographique d'une très grande beauté et, bien sûr, les lettres reçues par l'auteur : avec, parmi tant d'autres, celles de Marcel Arland, Edmond Bille, Georges Borgeaud, Paul Castella, Maurice Chappaz, Albert Chavaz, Jacques Chessex, Bertil Galland, Jeanne Hersch, Philippe Jaccottet, Pierre Jean Jouve, Ella Maillart, Gérard de Palézieux, Jean Paulhan, Alexis Peiry, Anne Perrier, Grisélidis Réal, Gonzague de Reynold, Alice Rivaz, Gustave Roud, Philippe Soupault...
Deux ensembles se distinguent dans cette collection ; celui des «Carnets de rêve», et, un second, communément nommé Le Vrai Conte de ma vie. Poreux, se ressemblant à plus d'un titre, ces deux ensembles ont néanmoins été conditionnés séparément par Maurice Chappaz au moment où il transmit les vingt «carnets» dits «de rêves» à Berne ; Maryke de Courten les y étudia comme un tout dans sa minutieuse thèse : L'Imaginaire dans l'œuvre de Corinna Bille (À la Baconnière, 1989).
Or, en y regardant de près, puisque nous avons le privilège de disposer de la totalité des manuscrits de S. Corinna Bille, force est de constater qu'un nombre important de récits de rêve se trouve dispersé, notamment dans les dossiers du Vrai Conte. Les «Carnets de rêve», parfois joliment illustrés, ne sont par conséquent qu'une partie ‒ de toute évidence essentielle ‒ des manuscrits dans lesquels S. Corinna Bille avait rassemblé ses récits de rêve ou ceux de ses proches ; les contenus de ces carnets diffèrent parfois peu de ceux des feuilles volantes, cahiers et calepins se trouvant, eux, dans le dossier du Vrai Conte. Tout se fait écho. Les récits de rêve «bruts» essaiment ensuite dans l'œuvre ‒ nouvelles, recueils d'histoires brèves, textes autobiographiques ‒, subissant les transformations de la création.
Nous reproduisons ici la première page très retravaillée d'un des tapuscrits non daté du Voyage sous les cils (sur sept tapuscrits complets, partiels ou en copie annotée, un seul est daté : Veyras, 11-13 novembre 1958). L'incipit du texte est directement inspiré d'un récit de rêve daté, lui, de 1933 que l'on voit dans ce «Carnet de rêve no 2» (La Maison musique / Rozberg 1933), illustré par un collage de S. Corinna Bille elle-même. Et c'est ce même motif encore qui ouvrira La Maison musique, recueil préfacé en 1977 par Philippe Soupault aux Éditions Ex Libris. Voyez la petite annotation autographe au stylo noir dans la marge de gauche du feuillet : « utilisé / pr le conte / de la Maison / Musique ».
Intitulé par S. Corinna Bille Les rêves du jour et ceux de la nuit, ce «Carnet de rêve no 2», est considéré par Maryke de Courten comme «le plus précieux du point de vue de la représentation». On retrouvera quelques-uns des rêves retranscrits ici presque sans rature dans des ensembles comme Cent Petites Histoires cruelles ou L'Enfant aveugle (Castella, 1980, 1985). S. Corinna Bille les marque alors souvent d'une croix au crayon papier.
«Unique en son genre», illustré de collages et d'aquarelles, ce carnet ressemble à une mise au net, à une collection de rêves choisis, parés pour l'occasion.
Voici, ébauchés, quelques-uns des enjeux intertextuels de ce dossier... Une étude génétique de grande ampleur reste à faire.
Pour agrandir l'image, cliquez sur le document PDF «Corinna Bille onirique», à droite.
Stéphanie Cudré-Mauroux
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