secrètes de Jonas Fränkel, Fonds Carl
Spitteler, SLA-CS-SF-4-86
Ce «Passim» consacré aux archives cachées soulève un double paradoxe, tant du côté de l’écrivain qui dépose ses documents que de la bibliothèque qui les reçoit. Pourquoi confier à une institution ouverte au public et dont le mandat est de «répertorier et de rendre accessibles» les archives, des pièces que l’on souhaite dissimuler ? Pourquoi accepter de tels legs et consacrer une publication à des documents destinés à rester dans l’ombre ?
Pour répondre à ces questions, il faut prendre en compte la temporalité propre au monde des archives : la longue durée. Les documents cachés ont échappé à la destruction, parce que leurs auteurs, ou leurs dépositaires, ont pressenti leur importance et leur valeur de témoignage. Si le moment de la remise physique ne coïncide pas, dans leur esprit, avec le moment de la réception critique, la dissimulation n’est jamais éternelle et un lointain lecteur est toujours envisagé.
Comme le montre Elisabeth Bronfen, «on ne protège un secret avec tant d’acharnement que parce qu’on peut imaginer sa découverte ; parce qu’on aspire même secrètement à cette révélation» (p. 5). Le geste même d’archivage destine ces documents à une postérité future et idéale qui saura les (re)lire avec le recul du temps.
Des années après leur dépôt, «Passim» peut donc lever un coin du voile sur des archives qui ont acquis le statut de documents historiques et, surtout, explorer les motivations qui conduisent des écrivains à occulter une partie de leur production.
Passim 36 | 2025 (PDF, 6 MB, 29.10.2025)Bulletin des Schweizerischen Literaturarchivs | Bulletin des Archives littéraires suisses | Bollettino dell’Archivio svizzero di letteratura | Bulletin da l’Archiv svizzer da litteratura
Dernière modification 29.10.2025
