Projet de Giacomo Lardelli: « L’étant comme nom. Parménide entre poésie et philosophie »
Ce projet cherche à développer une interprétation originale du philosophe grec Parménide en étudiant son poème par une analyse de la métrique et de la forme combinée avec quelques éléments de l’approche de Jean Bollack. Le philologue alsacien a essayé pendant longtemps, au fil des publications et des commentaires inédits, de saisir les principes à partir desquels Parménide avait construit sa cosmologie. Sa lecture, fondée sur une analyse attentive de la syntaxe et de la doxographie, reste à ce jour la plus systématique de la deuxième partie du poème. Les développements récents de l’analyse formelle de la poésie hexamétrique permettent de trouver des nouvelles explications de la raison pour laquelle Parménide a choisi un style homérique, et de discuter la reconstruction de son système à partir de ce nouveau point de vue. On arrive ainsi à approfondir la thèse d’après laquelle le nom « étant », qui est au centre du poème de Parménide, est le nom divin de la totalité de ce qui existe.
Projet de Maxime Laurent : « Portrait du philologue au labyrinthe »
Jean Bollack a intitulé une récapitulation de son parcours intellectuel « La Grèce de Personne » (Paris, Le Seuil, 1997). Suggérait-il ainsi qu’il avait libéré les textes grecs de millénaires d’appropriations par les uns et les autres, pour enfin nous les livrer « tels qu’en eux-mêmes enfin l’éternité les change » ? Auquel cas, le lecteur Bollack se soustrairait à tout portrait : il s’effacerait pour montrer comment les textes se lisaient eux-mêmes. Et sans doute Bollack a-t-il souvent adopté cette posture. Reste qu’avec un tel titre, il se jouait peut-être, comme Ulysse du Cyclope : s’adressant aussi à des lecteurs censément moins borgnes, n’invitait-il pas à discerner, sous l’anonymat proclamé, une individualité aux mille tours ? C’est en tout cas ce qu’entreprend ce « portrait ». Il s’agit de montrer que, quelle que soit leur réussite, les lectures de Jean Bollack ne relèvent pas seulement d’intérêts de connaissance, mais également d’une esthétique. Il nous semble en effet que c’est sous un tel angle que se comprennent au mieux la fonction remplie dans ses lectures par la refonte parétymologique du lexique et le rôle qu’y joue la notion d’« enclos » (gr. herkos).
Projet de Frederico Sabino : à l’écoute de Zeus. Étude sur la forme de « l’Iliade »
Au cours de l’histoire de l’École de Lille, la lecture d’Homère a été particulièrement difficile, puisqu’il y avait à déchiffrer, non seulement les textes de l’Iliade et de l’Odyssée, mais aussi les usages que la tradition doxographique ultérieure en a fait. Ce travail monumental a été achevé par Philippe Rousseau dans sa thèse d’État dirigée par Jean Bollack et dont le sujet portait sur l’expression Διὸς δ'έτελείετο βουλή (« et le plan de Zeus se réalisait ») du cinquième vers de l’Iliade. D’après lui, l’histoire racontée par l’Iliade est reliée au projet divin de détruire la génération héroïque. Le Fonds Jean Bollack nous offre la chance de redécouvrir le contexte historique dans lequel la lecture d’Homère menée par l’École de Lille a évolué. Le but de cette thèse est de retracer le parcours des lectures que J. Bollack et ses collaborateurs font de l’Iliade, réévalué à la lumière de l’état actuel de la recherche. On arrive par ce biais à soutenir que le triomphe de Zeus n’est pas absolu et que l’Iliade est, entre autres, une histoire domestique sur la cohabitation entre hommes et femmes.
Projet de Tim Schünemann : «Zur ‹Kritik› der Celan-Lektüren von Jean Bollack»
Le but prépondérant de ce travail est de comprendre Jean Bollack en tant qu'interprète du poète franco-roumain de langue allemande Paul Celan. Il s’agit d’une tentative de « critique » des lectures de Celan par Bollack dans les différentes acceptions du terme. Cela implique, d’une part, de ressaisir la cohérence des lectures dans leur genèse et, de l’autre, de mener une recherche sur les conditions de chacun des résultats de la lecture et sur la puissance de lecture de Bollack en général. Le travail vise aussi à examiner le développement des lectures de Bollack à travers l’histoire de leur publication, en partant de ses travaux sur Celan, considérés aussi bien du point de vue du contenu que de la méthode. De plus, il inclura à la fois des comparaisons ponctuelles aux lectures que Bollack a consacrées à d’autres auteurs et une recherche sur ses manuscrits inédits. En prenant le terme « critique » dans un troisième sens, enfin, une nouvelle interprétation de certaines œuvres de Celan sera conçue à la fois comme une pierre de touche et comme une possibilité pour le développement ultérieur de la philologie critique de Bollack.
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