À la recherche de la baignade dans l’Aar à Berne

Chaque année, en mai, les piscines de plein air de Berne remplissent leurs bassins et donnent le coup d’envoi de la saison de la baignade. Mais des milliers de personnes leur préfèrent les eaux vivifiantes de l’Aar, au Marzili ou à la Lorraine. Voici une bonne raison pour s’intéresser à une tradition bien agréable, mais qui n’est pas sans danger.

La photo montre trois garçons aux bains du Marzili. Ils plongent simultanément dans le bras latéral de l’Aar de deux plongeoirs et d’un petit pont en bois. D’autres garçons et un homme d’un certain âge observent la scène avec intérêt.
Le bras latéral de l’Aar au Marzili: l’endroit idéal pour piquer une tête dans l’onde fraîche! (Source: Walter Neeser, 30.6.1931, Bibliothèque de la Bourgeoisie de Berne)

Depuis des siècles, on se baigne avec délice dans les rivières suisses, par exemple l’Aar ou le Rhin. À Berne, il est établi que, depuis 1721 au moins, les jeunes hommes avaient accès à la baignade dans un bras latéral de l’Aar coulant à travers les actuels bains du Marzili. Le courant y était moins fort que dans la rivière elle-même. La partie supérieure, peu profonde, portait le nom de Bubenseeli (étang des garçons) tandis que la partie inférieure, plus profonde, était appelée Studentenseeli (étang des étudiants). Malheureusement, aucune source de cette époque n’évoque de nageuses. Et contrairement à ce que ces noms laissent penser, des personnes de toutes les catégories sociales s’adonnaient à ce plaisir.

Les textes montrent qu’à la fin du XVIIIe siècle, pendant les belles journées d’été, l’Aar ressemblait à une longue piscine s’étendant d’Elfenau à la presqu’île de l’Enge: baigneurs et baigneuses (!) se pressaient sur les rives, y compris à des endroits dangereux. Et la population vertueuse s’offusquait de voir, le soir, des personnes des deux sexes se rencontrer en contrebas de la ville, sur la rive de Längmuur. Sans compter que nombre d’entre elles se dénudaient en changeant de vêtements!

La «culture de l’Aar», sujet politique

Cette situation explique pourquoi le gouvernement bernois prit au même moment des mesures de lutte contre la corruption des mœurs et de renforcement de la sécurité de la baignade. Il n’autorisa plus la baignade qu’en trois points de la ville (Marzili, Dalmazi et Enge). Plus tard, il interdit même expressément la baignade à la Matte et sur la rive de Längmuur.

Peu à peu s’affirma le besoin d’un site public et en accès libre pour nager dans la rivière. Il existait déjà des bassins chauffés et, à partir de 1822, un bassin extérieur d’eau fraîche, mais ils étaient payants.

Des cours pour nager dans l’Aar en toute sécurité

Dans ces projets, le nom du Marzili revenait sans cesse. Mais pendant des décennies, les propriétaires des deux parcelles situées sur la petite île entre les deux bras de la rivière s’opposèrent à l’utilisation du lieu comme site de baignade. Le gouvernement bernois dut engager une procédure judiciaire pour faire valoir l’ancestral droit de la population à la baignade, jusqu’à ce qu’en 1900, la ville parvienne enfin à acquérir les deux parcelles ainsi qu’un terrain à l’ouest du cours d’eau.

C’est dans cet espace que les bains du Marzili virent le jour et prirent peu à peu leur forme actuelle. Jusqu’en 1968, ils offraient la possibilité de nager dans l’Aar ainsi que dans le bras latéral déjà mentionné. Par la suite, le canal fut en grande partie comblé, et on réalisa les bassins actuels. Au Marzili et aux bains de la Lorraine, créés quant à eux en 1892, les enfants apprenaient à nager et se préparaient ainsi aux baignades dans les eaux vives de l’Aar, toujours très appréciées. De nombreux accidents mortels survenus dans des rivières et des lacs conduisirent en 1933 à la création de la Société Suisse de Sauvetage (SSS), qui s’engage depuis pour la sécurité de la baignade en rivière.

La «culture de l’Aar» hier et aujourd’hui: de nombreux parallèles

Comparer le passé et le présent permet de mettre en évidence d’importantes continuités. Les gens ont toujours aimé passer du temps au bord de l’Aar et nager dans ses eaux, ils apprécient la baignade rafraîchissante et la possibilité de s’évader du quotidien, en compagnie d’amis ou au contact de la nature.

Mais les risques encourus par les nageuses et nageurs sont aussi anciens que le plaisir de nager dans les eaux vives de l’Aar. L’adoption d’un comportement approprié permet cependant de les réduire fortement.

La baignade dans l’Aar à Berne figure sur la liste des traditions vivantes en Suisse. L’Office fédéral de la culture a publié une documentation sur la baignade dans l’Aar, accompagnée d’indications bibliographiques. Le site Internet lebendige-traditionen.ch offre un aperçu de ce thème.

Bibliographie et sources

Dernière modification 16.05.2024

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