Quarto 44 / 2017, «Scrit...en la naiv»

La couverture montre un énergique skieur portant un équipement typique des années 1970.
Photographie de Andri Peer, énergique skieur et poète
© Eredis Erica Peer

« La naivetta, la naivetta / vain da tschel a flöch a flöch ; onduland sco las chürallas / s’mett’la giò a töch a töch… » (« Flocons blancs, flocons blancs / emportés par le vent / papillons voletant / posez-vous, posez-vous… »), ainsi commence L’Inviern (L’hiver), poème de Conradin de Flugi popularisé par une chanson enfantine (1845). Léger grésil ou blizzard, voile scintillant ou bourrasque qui vous coupe le souffle, surface vierge où viennent s’imprimer les signes et les traces, la neige change d’un jour à l’autre, d’un moment à l’autre, dans son apparence, sa couleur, dans le cristal de sa surface, jusqu’à ce qu’elle fonde et se perde dans le murmure des ruisseaux.
Les écrivains originaires de régions de montagne entretiennent-ils une relation particulière avec la neige, cette neige qui leur est familière sous tant d’aspects depuis l’enfance ? La neige a fasciné les photographes, les artistes et les poètes depuis toujours ; c’est un motif que la littérature ancienne et moderne a traité en de nombreuses variations. Il y a la première neige qui fait jubiler les enfants et frissonner les vieillards, transfigure prés et forêts et donne au monde sa légèreté. C’est le manteau blanc qui recouvre également les joies et les peines, c’est le plaisir de la luge, l’enthousiasme suscité par les sports de vitesse, la passion de l’alpinisme ; mais il y a aussi l’effroi causé par l’avalanche, la mort blanche, cette neige qui étouffe, paralyse et donne des rêves de voyages dans des contrées plus chaudes.

La lecture de quelques poèmes suffit pour découvrir, parallèlement aux sentiments contrastés qu’elle fait naître, la variété des symboles évoqués par la neige. La créativité poétique que la neige provoque, attestée dans de nombreux textes, nous intéresse naturellement au plus haut point. Ce numéro de Quarto, « Écrit dans la neige », est consacré à cette poudre blanche vue par des poètes et des prosateurs de différentes langues, originaires de régions alpines. Alors que trois générations d’auteurs ont créé de nouvelles oeuvres en s’inspirant de cette « eau bizarrement agrégée », des critiques littéraires ont exploré les signes, les figures et les poétiques de la neige dans les récits et les poèmes de nombreux auteurs romanches, ainsi que dans les écrits de Giorgio Orelli, Maurice Chappaz et Gerhard Meier.

Ce cahier thématique, qui donne pour la première fois une très large place à la littérature romanche, est illustré de photographies et de manuscrits « enneigés » issus d’archives privées et de fonds conservés aux ALS. Les clichés de jadis, qui suscitent parfois de la nostalgie, contrastent avec une série de photographies contemporaines prises par Jules Spinatsch, artiste grison renommé, qui dresse froidement l’inventaire de l’exploitation industrielle de la montagne, symbolisée par l’illumination artificielle des arènes blanches. Nous convions les lectrices et les lecteurs à faire une promenade dans
les neiges d’antan et d’aujourd’hui.


Quarto, Revista da l’Archiv svizzer da litteratura, n. 44 (november), Genevra, Éditions Slatkine, 2017.
CHF 15.-

Manifestations

Vernissage durant ils Dis da Litteratura a Domat, 4-11-2017, a las 11h

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