À l’occasion du centenaire de la naissance de Georges Borgeaud, les Archives littéraires suisses et la Fondation Calvignac font paraître la publication « Lettres à ma mère ». La Bibliothèque des Arts, Lausanne, 2014.
Georges Borgeaud a écrit à sa mère pendant plus de cinquante ans. Durant toutes ces années, elle sera son « tourment », « l'objet de [son] désespoir », – de diverses manières : abandon, placement en famille d'accueil, brimades, reproches, dénigrement, bouderies... Cruel sort que de naître, en 1914, « enfant naturel » dans le Valais catholique !
Mais Ida Gavillet, née Borgeaud à Illarsaz (Suisse) en 1894, sera aussi la mère qu'il faut séduire à tout prix. Au fil de ce long cheminement épistolaire, témoignage d'une relation aussi destructrice que fondatrice, se dessine une biographie : celle d'un Borgeaud blessé, fragile, drôle, jaloux et parfois injuste ; celle d'un jeune homme talentueux et séduisant, celle d'un écrivain admiré (Prix des Critiques, Prix Renaudot). « C'est probablement de ma situation d'enfant naturel que m'est venue cette passion d'écrire [...] » observerat- il, bien plus tard, après le décès de sa mère.
On pourra dès lors aborder ces lettres en autobiographie (que Georges Borgeaud n'a pas écrite) ; comme un témoignage littéraire et historique ; comme le portrait d'un Suisse se faisant un nom dans le Paris littéraire d'après-guerre, ou comme le dialogue difficile d'un fils avec sa mère. « J'avais horreur de ses baisers [...] ».
« Lettres à ma mère » de Georges Borgeaud (Bibliothèque des Arts, octobre 2014)
Présentation et annotation :
Stéphanie Cudré-Mauroux et Christophe Gence
Dernière modification 07.11.2014