Le Gothard s'est imposé grâce à Alfred Escher, le magnat des chemins de fer. La construction du tunnel fut confiée à l'ingénieur et entrepreneur genevois Louis Favre. Le percement débuta le 29 février 1880.
Le 1er mars 1880, la NZZ titre Durch! [A travers !].
Une nouvelle technologie (la dynamite) fut utilisée lors de la construction. Les conditions de travail étaient cependant si mauvaises que pour la seule construction du tunnel, 177 ouvriers ont perdu la vie.
En Suisse romande, l'intérêt porté à la traversée des Alpes se tournait naturellement vers le tunnel du Simplon, bien que ce dernier ne fut inauguré qu'en 1906. La Gazette de Lausanne fit toutefois sa une du 26 mai 1882 sur l'ouverture du tunnel du Gothard.
Pour les 50 ans de cet événement, Hans Etter, membre de la direction générale des CFF, se pencha dans un article de la revue Schweizer Illustrierte sur les difficultés rencontrées pour financer la ligne du Gothard et sur le rôle décisif de l'Allemagne et de l'Italie : le traité signé le 15 octobre 1869 par la Suisse, l'Italie et l'Allemagne réglait la répartition du financement. L'Italie versa 45 millions de francs suisses, la Suisse et l'Allemagne 20 millions chacune. Escher trouva les 102 millions restants auprès d'un groupe financier allemand.
Dans le Journal de Genève du 14 juin 1997, Bernard Wuthrich revenait sur le lien entre fondation du Crédit Suisse en 1856 par Alfred Escher et financement de l'œuvre de sa vie, les chemins de fer du Gothard.
En 1902, plusieurs compagnies de chemin de fer privées furent nationalisées et regroupées sous le nom de Chemins de Fer Suisses CFF. La ligne du Gotthard n'en faisait toutefois pas partie. En 1909, la Suisse accorda à l'Allemagne et à l'Italie des avantages tarifaires sur l'ensemble du réseau ferroviaire suisse servant au trafic de transit ; en contrepartie ces deux Etats renonçaient à leur participation au capital ainsi qu'aux bénéfices d'exploitation (Convention du 13 octobre 1909 relative au chemin de fer du Gothard).
En Suisse, la signature du traité fut considérée comme une limitation de la souveraineté nationale. Ce ressentiment débouchera en 1921 sur une initiative populaire visant à introduire le référendum facultatif sur les traités internationaux (art. 141, al. 1d de la constitution fédérale).