Il y a 100 ans, en 1919, Carl Spitteler, auteur d’Imago (1906), de l’épopée Olympischer Frühling (1900-1905) et du discours « Unser Schweizer Standpunkt » pendant la Grande Guerre, recevait le seul Prix Nobel de littérature décerné à un écrivain suisse. À cette occasion, Passim interroge le rôle et la place des prix et distinctions honorifiques dans le champ littéraire ou, pour le dire avec Sylvie Ducas, « ce que font les prix à la littérature ». Vilipendés par certains (Julien Gracq dans son pamphlet La Littérature à l’estomac en 1950 ou Jean-Paul Sartre qui refusa le Nobel en 1964), ardemment souhaités par d’autres (« Qu’on en crée d’innombrables ! » s’écria Louis-Ferdinand Céline, non sans cynisme, deux ans après son Renaudot), les prix sont une composante essentielle de la vie littéraire depuis plus d’un siècle. Fort nombreux – on en comptait pas moins de cinquante en Suisse romande selon le Guide des prix littéraires (Fondation pour l’Écrit, 2000) et plus de deux mille en France –, ils prennent des formes extrêmement variées (du soutien aux primo-romanciers à la consécration d’une œuvre, par des jurés professionnels ou des lecteurs amateurs) et ne sont pas dépourvus d’ambiguïté, dans leurs objectifs comme dans leurs effets : sacralisation du « Grand Écrivain » ou initiative commerciale profitant aux éditeurs et aux groupes de presse ? entreprise de canonisation ? mécénat ? ou instrument de promotion et de prescription culturelles ? Autant de questions abordées dans ce numéro, sous l’angle historique et sociologique, mais aussi en donnant la parole aux principaux concernés, les écrivains : Bernard Comment, Alexandre Hmine et Felix Philipp Ingold nous livrent leurs points de vue.
Passim 23 | 2019 (PDF, 1 MB, 26.06.2019)Bulletin des Schweizerischen Literaturarchivs | Bulletin da l’Archiv svizzer da litteratura | Bollettino dell’Archivio svizzero di letteratura | Bulletin des Archives littéraires suisses
Dernière modification 26.06.2019
